Coin du livre
Kiki Dimoula
Mon dernier corps
Kiki Dimoula (auteur), Michel Volkovitch (Traduction)
Editions Arfuyen
S’il est donc aujourd’hui un écrivain qui représente la littérature grecque d’aujourd’hui et mérite d’être découvert en français, c’est bien Kiki Dimoula, auteur de douze recueils de poèmes et déjà traduite en anglais, italien, espagnol, allemand, bulgare, polonais et suédois.
En 1971, elle publie son cinquième recueil, Le peu du monde, qui lui vaut sa première reconnaissance officielle, le Second prix d’État, et une large renommée. Elle reçoit le Premier prix d’ État en 1989 pour Je te salue Jamais, puis le Prix Ouranis en 1994 pour "L’ adolescence de l’oubli". Elle a été distinguée par le Prix Européen de Littérature en novembre 2009, Prix qui lui a été remis à Strasbourg dans le cadre des 5° Rencontres Européennes de Littérature en mars 2010.
Rencontrer la poésie de Kiki Dimoula (née en 1931) peut s'avérer une expérience mentale, nerveuse, spirituelle et violente. Une brûlure!
Au fil des textes, on réalise qu'un ordre supérieur dirige le monde et nos vies, possède le pouvoir de tout bouleverser et de transformer l'infime en immense tragédie. Résurgence des héros antiques sur nos vies modernes, drame grec se jouant à tous les niveaux... Kiki Dimoula déploie une écriture faite d'ampleur et d'emphase pour évoquer cet inéluctable dessein exercé par une force invisible sur nos pauvres âmes perdues.
Un véritable régal !
Vous trouverez ci-dessus un extrait du recueil poétique "Mon dernier corps" et du recueil "Le peu du monde"
MON DERNIER CORPS
C' est à toi, Soudain, que je m'adresse.
À toi, Soudain nourri de rêve,
beau gosse, d'une bravoure folle,
enfant bâtard de causes inconnues,
qui préserves
du Rare la rareté,
montrant une granitique indifférence
pour la passion lascive, douloureuse,
que nourrit pour toi la Fréquence.
(Mon dernier corps)
ODE À UNE LAMPE DE BUREAU
Veilleur de nuit, mendiant,
voyageur ou rhéteur,
mahométan ou apatride,
peu m'importe.
Moi,
quand je vois passer les années,
quand je vois comment va le monde,
je fais de lui un Prophète.
C'est en Prophète que j'ai besoin de lui,
quand je vois se perdre les années,
quand je vois où en est le monde.
(Le peu du monde)
Sources : Editions Arfuyen
Nouvel Observateur (11/03/2010) par Bernard Loupias
Critiques Libres (03/04/2010) par Sahkti